Introduction
L’exposition « Héritages culturels immatériels en Afrique » se propose de faire connaître et apprécier les éléments du patrimoine culturel immatériel inscrits par les différents pays du continent sur les listes du patrimoine de l’Humanité de la convention internationale de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003 de l’Unesco.
27 pays détiennent un ou plusieurs éléments inscrits sur ces listes. La présente exposition a retenu de présenter un élément emblématique par pays de sorte qu’à l’issue de la visite on ait pris connaissance des héritages culturels africains relevant des différents domaines du patrimoine immatériel : traditions et expressions orales, art du spectacle, pratiques sociales, rituels, événements festifs, connaissances et pratiques liées à la nature et à l’univers, savoirs et savoir-faire. On pourra s’émerveiller devant tous ces trésors immatériels du continent à la fois matinal et d’avenir qu’est l’Afrique, qui viennent du plus lointain et qui constituent la trame de l’identité culturelle africaine faite de dits, de déclamé, de conté, de chanté, de musiqué, de dansé, de représenté, de pratiqué, de ritualisé, de su, de connu, de reconnu issus d’ imaginaires, de sens, de visions du monde, d’être au monde denses, amples, complexes, accumulés, répétés, transmis, recréés, transformés et qui tous se donnent à voir, à comprendre et à aimer comme des productions de l’esprit et des expressions esthétiques qui rendent compte et décrivent des cultures issues du plus lointain de l’humanité qui se proposent de participer significativement à l’élaboration des cultures du monde dans le vivre ensemble, tous ensemble et attentifs les uns aux autres. Telle est l’ambition de cette exposition qui déroulera pendant plus de trois mois, tous ces héritages sous forme de panneaux photographiques de grandes dimensions de chacun des éléments inscrits soutenus par des textes explicatifs, des enregistrements audio délivrés par des audio-guides et des films documentaires de 10 minutes consacrés à chaque élément culturel. Tous les éléments d’informations sont issus de sources documentaires de l’Unesco et sont déclinées dans trois langues, arabe, français, anglais.
Le Centre Régional à Alger pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel en Afrique, Centre de catégorie 2 placé sous l’égide de l’Unesco
L’Algérie a participé activement, dès 2002, à la préparation et à la rédaction de la convention internationale adoptée par les Etats de l’Unesco en octobre 2003 et portant sur la sauvegarde du patrimoine culturelle immatériel. Dès février 2004, l’Algérie a ratifié cette convention comme premier Etat au monde, elle est en vigueur aujourd’hui dans plus de 170 Etats. Après l’organisation de l’imposant festival culturel panafricain de 2009, l’Algérie a demandé à l’Unesco de lui accorder l’honneur d’abriter un Centre international sous son égide, dédié au service de la convention de 2003 et au bénéfice de l’Afrique. L’accord de création de ce centre est conclu en février 2014, entre Madame la Directrice Générale de l’Unesco et le Gouvernement algérien représenté par Madame la Ministre de la Culture. Cet accord a été ratifié par Monsieur le Président de la République en décembre 2015 faisant du Centre d’Alger, le 7ème au monde de son genre après ceux de Chine, du Japon, de Corée du Sud, d’Iran, du Pérou et de Bulgarie.
Outre de servir les objectifs stratégiques de l’Unesco en faveur de l’Afrique, le Centre a pour principaux objectifs de renforcer les capacités et compétences des pays africains dans les domaines de l’identification, de l’inventaire, de la recherche scientifique, de la documentation, de la sauvegarde du patrimoine immatériel ; de stimuler la coopération et les échanges d’experts et d’expertise entre les organes africains chargés du patrimoine immatériel, de faciliter les échanges entre les musées et les centres d’archives spécialisés en matière de patrimoine immatériel, de constituer des bases de données et de contribuer à une meilleure connaissance du patrimoine immatériel en Afrique. Par la présente exposition dont le vernissage coïncide avec la réunion de la première session de son Conseil d’Administration international, le Centre Régional à Alger pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique, de catégorie 2 placé sous l’égide de l’Unesco (CRESPIAF) ouvre ses portes et se met au travail pour réaliser son programme de « African Cultural heritage is back ».
Convention 2003 et définition du patrimoine culturel immatériel
La convention de 2003 définit le patrimoine culturel immatériel comme étant l’ensemble des pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire que les sociétés, les groupes et les individus reconnaissent et recréent en permanence en fonction de leur milieu, de leur histoire, de leur interaction avec la nature, qu’ils se transmettent de génération en génération et qui leur procurent un sentiment d’identité et de continuité. Cette même convention établit des listes dites du patrimoine culturel immatériel de l’humanité que les Etats ou des groupes d’Etats peuvent rejoindre en élaborant des dossiers de candidature à inscription à soumettre à l’Unesco et ses différents organes d’analyse, d’évaluation et d’expertise. A titre d’exemple, l’Algérie a déjà inscrit sur les listes de l’Unesco, l’Ahellil du Gourara, le costume féminin nuptial de Tlemcen et de sa région, le Rakb des Ouled Sidi Cheikh, la Sbeïba de Djanet, le Sbûu de Timimoun, les mesureurs d’eau du Touat et, avec le Mali et le Niger, l’Imzad des femmes touarègues. Elle a également engagé les dossiers relatifs à la distillation de l’eau de fleur par les citadines de Constantine, le bijou en argent émaillé des Ath Yanni ainsi que pour la catégorie chants populaires d’Algérie, le Raï, l’Achewiq, le Ayay et le Srawi. Tout comme est en train d’être élaboré le dossier maghrébin aux noms de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et de la Tunisie relatif aux savoirs, aux savoir-faire et aux pratiques liés à la production et à la consommation du couscous.
La convention fait également obligation aux Etats d’identifier le patrimoine culturel immatériel présent sur leur territoire et d’engager les processus d’élaboration des inventaires régulièrement mis à jour. Les pays, selon leur législation, ouvrent de véritables chantiers de recherche scientifique, d’étude, d’identification et de formation sur ces héritages culturels. Dans ce cadre, l’Algérie par exemple, en application de la loi de protection du patrimoine culturel de 1998, a créé par décret la banque nationale de données du patrimoine culturel immatériel aux fins d’identification et d’enregistrement des éléments du patrimoine immatériel. Au bout de ces processus, les pays pourront disposer de véritables contenus à même de constituer leur carte d’identité culturelle et pourront ainsi contribuer significativement à l’élaboration et au partage des legs culturels de l’Humanité.